P. Hamel Assassiné en 2016
La question est sérieuse : dans un monde dur, où il faut se battre pour conquérir sa place au soleil, est-ce rendre service aux jeunes que de leur faire découvrir l'évangile des Béatitudes ? Et certains chrétiens de s'interroger : si je suis victime d'une agression, est-ce «évangéliquement correct » d'aller porter plainte ? Ne dois-je pas plutôt suivre l'invitation de Jésus : «Si quelqu'un te donne un soufflet sur la joue droite, tends-lui encore l'autre » (Matthieu 5,39) ?
Notons que Machiavel, déjà, critiquait les principes chrétiens pour la même raison : «Il me paraît que ces principes, en rendant les hommes plus faibles, les ont disposés à être plus facilement la proie des méchants. Ceux-ci ont vu qu'ils pouvaient tyranniser sans crainte des hommes qui, pour aller en paradis, sont plus disposés à supporter les injures qu'à les venger ». Nicolas Machiavel (Discours sur la première décade de Tite Live, livre II, ch. 2).
Une solution de facilité est à écarter d'emblée :
" Gommer, dans les évangiles," tout ce que dit Jésus sur l'amour des ennemis, le refus du glaive, le pardon des offenses. Il faudrait alors en faire autant avec toutes les paroles de Jésus que nous trouvons inapplicables dans notre société : condamnation de la richesse, accueil de l'étranger, indissolubilité du mariage, etc.
Jean-Paul II et son agresseur
L'amour des ennemis, pour Jésus, n'est pas une invitation adressée à quelques-uns ; c'est ce qui doit distinguer ses disciples et ceux qui ne croient pas : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens n'en font-ils pas autant ? » (Matthieu, 5, 46). Que notre société nous paraisse rude, compétitive, souvent violente - mais celle du temps de Jésus ne l'était-elle pas autant, sous d'autres formes ? - ce n'est pas une raison pour s'abstenir d'y faire retentir ce message, bien au contraire ! Si l'Évangile doit être une «bonne nouvelle », un « salut », pour cette société-là, c'est justement parce qu'il annonce qu'il y a du bonheur à être doux et miséricordieux, que la violence n'est ni une nécessité ni une fatalité. N'allons pas affadir le sel de l'Évangile : il est sel pour le monde, pas seulement pour nous.
Inventer une autre réponse à la violence ?
L'Évangile, justement, l'avons-nous bien lu ? On lui fait parfois dire autre chose que ce qu'il dit ! Si, prenant «au pied de la lettre » le Sermon sur la Montagne, nous en faisons un répertoire d'obligations morales, nous en trahissons l'Esprit. Interpréter, ce n'est pas édulcorer. Un bon exemple nous est fourni avec l'invitation à «tendre l'autre joue », puisque Jésus lui-même ne s'y conforme pas ! Quand, lors de sa Passion, il reçoit un soufflet, il ne réagit pas en tendant l'autre joue, mais en parlant à son agresseur : «Si j'ai mal parlé, témoigne de ce qui est mal, mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jean 18, 22-23).
La prière
Face à une agression, ce n'est pas la passivité que Jésus recommande, mais l'invention d'une réponse autre que celle qui va de soi : la violence symétrique. «Tendre l'autre joue » n'est pas une « recette » à appliquer au pied de la lettre, mais une mise en garde contre toute réponse qui alimenterait la spirale de la violence proliférante. Car toute violence se légitime par une violence antérieure : «C'est lui qui a commencé ! », s'exclament les bambins du jardin d'enfants comme les nations se déclarant la guerre Jésus nous dit ici : la question n'est pas de savoir qui a commencé, mais comment je puis, moi, faire en sorte que ça ne continue pas. On pense au mot de Gandhi : «Oeil pour oeil, et le monde finira aveugle ».
Chers amis-es, visiteurs sur le net,
Ce que je veux dire est simple. Je ne dis pas de pas condamner l'assassin car il est assassin. Je ne dis pas qu'il faut absolument le pardonner.
Mais voyant la violence imminente dans notre pays la France, les chrétiens ont choisi la prière et se centrer sur l'Amour qui est plus fort que tout. Ce n'est pas une lâcheté... suivre l'évangile nous amène à cela.
Je peux vous dire que je l'ai vécu dans ma chair, on m'a battu durant 6 ans chaque jour et j'étais un enfant après la mort de mes parent -j'avais 11 ans-
J'ai choisi de pas me venger en me rappelant comme ma mère faisait le bien sans regarder à gauche ou à droite.
Je me suis dit que j'avais eu la chance de l'avoir durant 11 ans
et au nom de cela ... j'ai mis de la distance entre moi et mes ennemis. Je ne peux pas prier toujours pour elle, mais je ne la souhaite aucun mal. Je suis sûre qu'elle a dû payer sa dette car le mal engendre le mal.