• La dernière lettre de Charles de Foucauld. - 1er décembre 1916

     

     

     

     

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    l’Assekrem, lieu d’ermitage du père de Foucauld, et l’ascension du Tahat (2908 m), point culminant d’Algérie.

     

     

    En Algérie, dans la lumière de l'Assekrem

     

    l’Assekrem.  petite chapelle de l’ermitage, toute simple avec ses murs de pierre nue, son autel de pierre.

     

     

    Le Père Charles de Foucauld

     

    Mort discrète du père Charles de Foucauld

    Le 1er décembre 1916, le père Charles de Foucauld est tué dans son ermitage de Tamanrasset, au coeur du Sahara. Il a 58 ans. Sa mort passe inaperçue en France où les esprits sont davantage préoccupés par la boucherie de la Grande Guerre que par la mort d'un missionnaire.

     

    "Quand le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, s'il meurt, il porte beaucoup de fruits ; je ne suis pas mort, aussi je suis seul... Priez pour ma conversion afin que mourant, je porte du fruit."


     Pour protéger les populations, Charles de Foucauld construit un fortin à Tamanrasset. Il s'y installe seul en attendant d'accueillir les gens d'alentour en cas de danger.
    Il continue à travailler poésies et proverbes touaregs.
    1er Décembre 1916: Des Touaregs sous influence sénoussiste l'attirent hors du fortin, s'emparent de lui et le ligotent.
    Pendant le pillage, des militaires sont annoncés de façon inattendue. C'est l'affolement... Une balle part. Il est tué. Sa dépouille est enterrée dans le fossé qui entoure le fortin.
    A sa mort, Charles de Foucauld est seul... ou presque.

     

     

    Le père Charles de Foucauld (15 septembre 1858, Strasbourg ; 1er décembre 1916)

     

    Sa dernière lettre 

    Cher ami,

    Mon frère,

    À 6 ans, je suis orphelin, de père et de mère. À 20 ans, c’est au tour de mon grand-père de partir. À mesure que la vie progresse, le vide se fait autour de moi. Mais l’abandon, le rejet, ou l’échec n’ont pas eu le dernier mot : j’en suis la preuve. Que ta vie ne s’arrête pas à tes 20 ans !

    J’ai de l’argent, beaucoup. J’offre des fêtes grandioses et je fais couler le vin comme une fontaine. On m’appelle alors « le gros ». Pourtant, au cœur même de ces fêtes, je sens un immense vide. Je touche du doigt le désespoir. Tu aimes les fêtes ? Tu as raison ! Mais essaye de creuser ce qui comble vraiment le cœur de l’homme !

    C’est en observant les musulmans prier que s’est réveillé en moi le sens de la transcendance. On ne trouve pas la foi seul, mais elle jaillit, par la grâce de Dieu, au contact des autres, par les chemins les plus inattendus.

     

    Mon questionnement s’est poursuivi longtemps et mon angoisse existentielle a duré. Je me disais : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ». Je voulais poser des questions à un prêtre : celui-ci m’a d’abord demandé de me confesser. Ce sera le point de départ de ma conversion : il faut poser les gestes de la foi pour trouver la foi. Toi aussi, va te mettre à genoux, si tu veux vivre debout.

    Mon destin patine. Converti à 28 ans, on me demande d’attendre trois ans avant de devenir religieux. J’essaye la Trappe en Ardèche, mais je veux une vie bien plus radicale. Je pars pour la Syrie. Puis la Terre Sainte. Je deviens jardinier des clarisses, à Nazareth, mais elles me trouvent bien incapable de ces travaux. Je dors dans une cabane à outils, sur un banc avec une pierre pour oreiller. On me dit que je ferais bien de devenir prêtre. J’aimerais apporter le Christ au Maroc, et ce sera finalement en Algérie que je m’installe. Tu vois, la sainteté n’est pas linéaire, facile… Je veux être le grand frère de ceux qui hésitent, doutent, vacillent.

    Ma grande intuition, c’est de prendre la dernière place, celle de Jésus à Nazareth pendant ses trente années de silence et de travail : « Je ne veux pas traverser la vie en première classe, pendant que Celui que j’aime l’a traversée dans la dernière ». Pour beaucoup de nos contemporains, pour de nombreuses personnes vulnérables en particulier, cette dernière place est subie. Moi, à l’image de mon Maître, je l’ai choisie. J’avais fait le pari fou d’être le dernier de ma promotion à Saint-Cyr, mais même ça je l’ai raté ! J’ai découvert que ce défi avait plus de noblesse dans un sens spirituel.

    Malgré mes pérégrinations en Terre Sainte et au Maghreb, la Trappe reste pour moi une mère et l’évêque de Viviers, un père. Je vis complètement centré sur l’Eucharistie : « C’est Jésus, tout Jésus ! ». Que ta vie soit elle aussi jumelée à une communauté religieuse et à une paroisse, à un diocèse, à des amis heureux de célébrer ensemble.

    « Je veux habituer tous les habitants, chrétiens, musulmans, juifs, à me regarder comme leur frère, le frère universel. » Les indigènes commencent à savoir que les pauvres ont un frère. Je rêve alors d’ « une petite fraternité de prière et d’hospitalité d’où rayonne une piété telle que toute la contrée soit réchauffée et éclairée ». Toi non plus, ne rêve pas de grande réussite. N’espère pas lever une armée, mais cherche à transformer la nuit en soufflant sur ces petites braises, capables d’éclairer et de réchauffer notre vallée de larmes.

    J’ai écrit une règle des petits frères, mais je n’accueillerai pas une seule vocation. Je réalise que je célèbre la messe chaque jour à Tamanrasset depuis 10 ans, mais je n’ai pas fait un seul converti ! À vue humaine, c’est un échec total. Cent ans après ma mort, je vois pourtant, depuis le Ciel, des centaines de religieux, des milliers de laïcs de par le monde qui vivent, un peu à ma suite, à l’école de la dernière place.

    Tu vois, il ne faut pas ambitionner d’être le lierre impatient ou la vigne vierge conquérante, mais plutôt le chêne tranquille, l’humble tilleul, et plus encore le grain de blé qui, s’il « ne meurt pas, reste seul ; mais s’il meurt, donne beaucoup de fruit » (Jn 12, 24).

    Il nous dirait ...

     « Vivre aujourd’hui comme si je devais mourir martyr, ce soir » avait-il écrit. Je laisse un fortin dans le sable, une soutane blanche tachée de la couleur du sacré-cœur que j’arborais, quelques lettres… Je laisse surtout ma dernière place, celle que j’ai tant aimée. Et quelques amis de par le monde. Et toi ?

    Charles de Foucauld
    1er décembre 1916

     

     

    Nazareth : La dernière place

    L'humble vie de Nazareth 

     

     

    « Mon Père, je remets mon âme entre tes mains, avec une infinie confiance... Suite...« Ce qui doit dominer dans la prière toujours, c'est l'amour. » Charles de Foucauld »
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  • Commentaires

    4
    Mercredi 11 Mai 2022 à 09:29

     Peinture de : François-Louis Français

    Bonjour Ana,

    je viens de lire tes deux articles sur Charles de Foucault..

    Tu  lui rends un grand hommage, lui qui fut si humble..

    Bonne journée chère petite amie, gros bisous, caresses à ton Titi

      • Mercredi 11 Mai 2022 à 19:29

        Oui, il fut humble, car il voulait imiter Jésus. Sa nature n'était pas

        de se sentir "grand" même avec tant des qualités naturelles et

        acquises par ses études. Je le comprends ainsi

    3
    Mercredi 11 Mai 2022 à 07:15

    Je  suppose    que   la    vie mondaine   l' a    écoeuré   par    sa   vacuité    et   qu'il   lui   a   préféré   celle    d'un   anachorète !

    Il    est   peut   être    alors   plus   facile    de  se   rapprocher    de  Dieu

    Je   me    demande    si    les   pauvres    envient   la   vie     mondaine ?

      • Mercredi 11 Mai 2022 à 19:35

        La vie mondaine qu'il vécut ne le remplissait pas le cœur. 

        Il y a chez cet homme une vraie conversion. Une envie d'Aimer Dieu comme il le

        mérite même avec ce côté humain imparfait.

        Les pauvres sont généreux et n'envient aucunement de vivre les mondanités.

        J'ai connu des pauvres contemplatifs ... très profonds sans besoin des livres

        ni de la théologie. J'ai refusé de faire de la théologie, car j'ai estimé 

        que Dieu on ne le comprend pas, mais on l'aime ..c'est à travers la contemplation

        silencieuse, ce cœur à cœur, en silence, que Dieu se révèle à nous

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