• La complexité du dilemme universel de la conscience humaine

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    La sortie d’un film de Terrence Malick est toujours un événement. Surtout quand il met son art de la grâce au service de la résistance. Sa longue fresque, « Une vie cachée »

    revient sur la vie exemplaire de l’objecteur de conscience autrichien Franz Jägerstätter.

    Sorti au cinéma le 11 décembre, 2019 il est désormais disponible en DVD.

     

    Une vie cachée : le nouveau départ de Terrence Malick [Critique] |  Premiere.fr

     

    On suit un homme d’une humilité à faire tomber le plus heureux des hommes ou le plus vaniteux. Car ce sont les malheureux qui refusent comme lui de porter la croix de la conviction. Et pourtant, durant près de trois heures, peu de dialogues ; durant de longues minutes, c’est la contemplation dans le creuset de cette âme paysanne au beau milieu d’un village autrichien pris par le nazisme. Car les films du réalisateur américain pourraient bientôt être synonymes de testament spirituel, au sens d’un engagement total de son être et de son talent. 

     

    Le refus du nazisme

    À Sainte-Radegonde, tout le monde vote l’Anschluss qui scelle l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, et donc son ralliement au nazisme du IIIe Reich. Franz Jägerstätter est le seul à s’y opposer. Il refuse de se battre aux côtés des soldats soumis aux ordres d’Hitler, présenté au début du film comme l’Antéchrist. Le maire, le prêtre du village, les villageois et sa mère tentent de le convaincre et de le prévenir du danger qu’il encoure. Mais sa femme, Fani, le laisse à sa liberté de conscience et le soutient dans la fermeté de sa foi, quasi inébranlable, au risque d’être seule à élever leurs filles.

    « Si Dieu nous donne le libre arbitre, on est responsable de ce qu’on fait. Ou ne fait pas. Non ? », se met-il à douter. « Je ne peux pas faire ce que je crois être mal. »

     

    CES CHRÉTIENS QUI ONT RÉSISTÉ À HITLER

     

    Fou amoureux de sa femme et d’un tempérament entier, cet agriculteur choisira malgré tout de suivre la vérité du Christ dans sa vie. Ce n’est pas seulement la guerre qu’il refuse, ni même le nazisme seul, mais aussi la haine grandissante nourrie par le nationalisme qu’il observe chez ceux qu’il croyait connaître. Il sera même haï par eux. Le verdict est sans appel, la prison pour trahison l’attend à Linz, puis à Berlin. « Tu serais sans doute fusillé. Ton sacrifice ne profiterait à personne », ce constat du prêtre du village renforce l’incompréhension face à un tel geste. Mourir à la guerre après avoir tué, ou mourir avec la conscience limpide. Entre les deux, Jägerstätter ne se posera pas longtemps la question.

     

    Aux ténèbres du cœur de l’homme, Malick répond par la beauté

    Au beau milieu de la campagne autrichienne les paysans travaillent sans relâche, participent aux fêtes du village, continuent, comme d’habitude, d’aller à la messe dans un pays pris dans une guerre injuste qui s’attaque aux faibles. Même la solidarité n’est plus de mise. Fani est seule et rejetée. La caméra pèse, s’attache aux gestes du quotidien, à la vie, au bonheur de la famille de Jägerstätter. Elle prend son temps pour mesurer ce à quoi renonce Franz et ce qu’il sauve.

     

      

    Il filme aussi la magnificence de la nature, avec un talent dont il a le secret. Plus on goûte à la beauté des paysages plus l’horreur perpétrée par l’homme paraît mesquine. Terrence Malick n’oublie pas de nous amener avec lui, avec son héros, dans un espace réservé aux âmes fortes seules : la paix. Le refus de la colère et de la violence est entourée de silence, et sans doute de beaucoup de prière, dans des plans à la fois poignants et éloquents.

     

    De sa prison, il écrit à sa femme :

    « Les chrétiens doivent s’équiper pour travailler et combattre au service de Dieu en se dépouillant de tout ce qui les empêche de parvenir à destination. Ils doivent être spirituellement sobres, c’est-à-dire libres de l’ivresse du péché. »

    La grâce règne au milieu du chaos, dans la cour de la prison, dans la cellule où on le frappe pour faire plier sa volonté. Et Terrence Malick n’oublie pas la beauté de l’amitié avec le merveilleux acteur Franz Rogowski, compagnon de galère qui le fait respirer, et nous aussi.

     

     

    Un dilemme universel

    Franz Jägerstätter est d’abord un martyr, — un témoin —, et non pas une victime. Pour incarner l’objection de conscience jusqu’à son exécution finale, irrémédiable, il accepte de vivre toutes les contraintes de ce choix radical. Solitude, refus de juger les autres (notamment dans la scène admirable qui le confronte à Bruno Ganz, haut gradé de l’armée du Reich dans le film), espérance et courage sont ses seuls refuges. En fait de jusqu’au-boutisme, c’est le libre-arbitre et la liberté qu’il veut faire triompher. Ceux, justement, auxquels Bruno Ganz ne peut plus accéder malgré sa lucidité : « Imaginez-vous un instant que votre conduite changera le cours de cette guerre ? Personne n’en sera changé. Le monde continuera comme avant ». 

     

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    Ô combien ce genre de propos est en permanence d’actualité. Ô combien le sens de la vie n’est plus de lui donner un sens mais de la sauver pour soi-même, à l’inverse de Jägerstätter. Terrence Malick expose toute la complexité du dilemme universel de la conscience humaine. Sans jugement, ni morale, il va dans les profondeurs avec un scénario sublime, un montage exceptionnel et une photographie habitée. Tout cela pour suivre le visage d’un homme bien décidé à échapper à la barbarie, ne pas en être, mais sans fuir. Franz Jägerstätter meurt le 9 août 1943.

     

     

    Courage… mais aussi la force de la grâce !

    « Où est passé l'AMOUR ?Leur histoire n’a été étudié que de manière aléatoire ... »
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  • Commentaires

    12
    Mardi 27 Octobre 2020 à 09:40

    La peinture du jour

    Bonjour Ana,

    je n'ai pas vu ce film mais il doit être génial,

    il avait raison de ne pas accepter le nazisme.

    Mon oncle est mort dans les camps de concentration

    car il était un résistant.. 

    Bonne journée, gros bisous           

      • Mardi 27 Octobre 2020 à 11:51

        La peinture du jour

        Coucou, j'ai agrandi la photo de Titi

        bisous

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    11
    Mardi 27 Octobre 2020 à 07:57

    Si  c'  était   facile,  nous  serions   toutes   et   tous  des   saints !

    Même   sans   l'  avoir   vécu, on    comprends   la  difficulté    de    s'opposer    à   des   régimes   autoritaires qui   n'  acceptent   pas    qu'on  pense   autrement  !

    ça  me  fait  penser    à   Sophie Pétronin   devenue   Maryam,  parce    qu'elle  s'est   soumise   à  ses tortionnaires !

     Passe   une  bonne   journée

     Bisous

      • Mardi 27 Octobre 2020 à 09:50

        Seulement cette dame dont on n'en parle plus, elle défendait 

        presque les islamistes ...c'est diffèrent 

    10
    Mardi 27 Octobre 2020 à 04:33

    J'ai été papoteuse, oh la la...

    Tu ne m'en voudras pas

    Emportée par mon récit, sourires...

    Merci encore pour articles et pensées avec les belles images que tu m'envoies

    Gros bisous sans oublier Titi, je sais bien c'est impossible!

    Cendrine

      • Mardi 27 Octobre 2020 à 09:52

        Au contraire !

        J'aime beaucoup lorsque les commentaires apportent des

        petite choses en plus Merci beaucoup

         

    9
    Mardi 27 Octobre 2020 à 04:31

     

    Coucou Nani, un grand merci pour tes mots et tes images...

     

    Je les apprécie beaucoup.

     

     

     

    Terrence Malick est un formidable réalisateur, j'aime sa manière de cadrer « l'intime » sur ses personnages et sa manière de montrer les beautés de l'espace. Merci pour ce partage évoquant un grand artiste et ce qu'il a choisi d'évoquer.

     

     

     

    Tu sais Nani, je vais te dire quelque chose qui vient du fond du cœur.

     

    Je pense que les êtres que d'autres nomment « déséquilibrés » sont beaux et je le pense intensément !

     

    Je pense que de nos souffrances et particularités, nous tirons une grande force.

     

    N'en déplaise à ceux qui se croient meilleurs...

     

     

     

    Je suis très touchée de ce que tu m'as dit.

     

     

     

    Je vais te donner des exemples qui me sont chers :

     

    Dans la série Homeland que j'ai particulièrement appréciée, l'héroïne qui s'appelle Carrie est bipolaire et elle est juste géniale ! C'est elle qui résout nombre d'énigmes et qui permet de sauver plein de gens d'une vague d'attentats, justement parce qu'elle est bipolaire. Elle cesse à moment donné de prendre ses médicaments et elle « voit » à travers un certain nombre de dossiers criminels qu'on lui avait confié des corrélats, des dangers. Elle ne se trompe pas, sa maladie est comme un don. Les gens ne sont pas gentils avec elle hormis quelques personnes qui deviennent de vrais amis.

     

     

     

    Je te comprends pour ta maman, j'aurais tout « défoncé » pour la mienne et d'ailleurs ce n'est pas passé loin plusieurs fois. Alors je te comprends pour les baffes au zozo...

     

     

     

    Je vais te raconter autre chose, pour le sourire aussi car il y a un côté drôle heureusement ! Il y a quelques années de ça, il y a eu des travaux « obligatoires » dans notre résidence, des travaux dits indispensables mais super mal réalisés...

     

    Un matin, se pointent quelques types qui devaient changer les sols. On avait poussé toutes les affaires et ils devaient changer le sol de la chambre et les couloirs. Christophe était parti au boulot et je gérais les ouvriers. Ces bonshommes s'étaient permis des choses pas clean dans plusieurs appartements, ils avaient pris des affaires, intimidé des femmes, embêté des animaux domestiques etc...

     

     

     

    Christophe n'était pas ravi de savoir qu'ils venaient mais on n'avait pas le choix. Il m'a dit « tu fais bien attention »... Les types débarquent et commencent à s'installer dans notre appartement comme s'ils étaient chez eux, rigolant, voulant allumer des cigarettes etc...

     

     

     

    Je suis devenue dingue !!!!!!!!!!! J'ai pris un manche à balai dans le cellier et je leur ai d'abord demandé poliment de sortir de l'appartement. Ils m'ont ignorée et ont commencé à allumer leurs cigarettes. J'ai monté le ton, ils ont persisté alors j'ai commencé à les dézinguer à coup de manche à balai, j'en ris encore je te jure !!! Ils ne s'attendaient pas à ça... Ils ont essayé de me prendre le manche à balai mais j'ai fait beaucoup de sport et d'arts martiaux dans une partie de ma vie et je me suis défendue d'une manière qui les a déstabilisés. Ils ne pouvaient pas m'attraper et ils ont commencé à stresser franchement. Un voisin entendant le bruit est venu voir, la porte de l'appartement étant ouverte et il était furax notre voisin car les types en question s'en étaient pris à sa femme la veille, faisant des blagues pas drôles et prenant de la nourriture dans la cuisine !

     

     

     

    Bref, la situation s'est terminée avec le contremaître qui arrive, super embêté et moi qui froidement lui assène que je vais appeler la maison mère, ce que je n'ai pas manqué de faire, j'ai tout évoqué avec une rage dans la voix et refusé l'accès à l'appartement. Quelques temps plus tard, une équipe d'ouvriers polis et corrects venait chez nous…

     

     

     

    Le voisin n'en revenait pas de m'avoir vue me battre contre eux avec le manche à balai et des coups de pied de karaté que je leur mettais partout où je trouvais une ouverture.

     

     

     

    Beaucoup de gens me prennent pour une « douce petite Cendrine »... Ils ne me voient pas comme je suis, douce et gentille à mes heures certes mais sauvage, pugnace, guerrière et ultra féroce à bien d'autres moments.

     

     

     

    La plupart des gens ne comprend pas que mon épilepsie ne me rend pas « fragile » mais m'a donné au fil des années de la force, de l'endurance. Comment aurais-je survécu autrement avec toutes ces crises qui vrillent mon corps et ma tête ?

     

     

     

    J'ai recommencé mon entraînement martial, j'en fais tous les jours et j'espère au Printemps reprendre des cours d'arts martiaux, j'adore ça et je n'ai pas l'intention de me laisser faire par tout ce qui peut arriver. Pour le moment, je retravaille les katas que je connais et je renforce mes muscles, je travaille ma souplesse, les appuis, les écarts de jambes etc... C'est super dur mais je persévère, sourires...

     

     

     

    Je te souhaite de beaux moments avec Titi et je vous envoie de gros bisous et des ronrons d'amitié !

     

     

     

    Prenez bien soin de vous...

     

     

     

    Cendrine

     

      • Mardi 27 Octobre 2020 à 09:30

        Je me suis régalé de ton histoire. Un tipee à voulu me voler une carte tel dans une cabine un jour. Je lui ai donné un coup de pied comme il faut et après avoir utilisé mon unité restante j'ai laissé la carte dans la cabine. Le tipe a rit mais sans doute moins avec la carte vide des unités et le coup de pied... on ne nous dit tout 0:-))

        mais on sait bien faire lorsque il le faut. 

    8
    Lundi 26 Octobre 2020 à 17:09

    coucou Nani merci pour ce beau témoignage d'un objecteur de conscience! Je te remercie aussi de m'avoir souhaité l'anniversaire de mon fils comme étant un peu le mien, le jour où je suis devenue maman! il y a 3 dates dans ma vie, je n'en connais que deux le jour de ma naissance, le jour où j'ai donné la vie, et le jour où je mourrai! bises

      • Lundi 26 Octobre 2020 à 21:41

        Pour la dernière... Tu attendras ma permission 0:-))

    7
    Lundi 26 Octobre 2020 à 16:47

    Coucou ma chère Nani, Tu as raison de dire que la sortie d'un film de Malick est toujours un événement. J'ai souvenir même lointain de "la ligne rouge" film de guerre, et de " A merveille " touchant film sur l'amour et son évolution. Hélas ! Je n'ai pas vu "vie cachée" lors de sa sortie, et je vais essayer de le regarder en DVD, le thème concernant l'objecteur de conscience, je connais, car mon fils Michel à été condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir refusé d'apprendre à manier les armes. Il n'était pas déserteur, car il s'est constitué prisonnier au commandant de son régiment stationné en Allemagne. Si un jour, (si ce n'est pas fait) tu lis " Les malheurs de Marie--Louise" tu connaitras son histoire et celle de son frère, mes deux fils.

    J'ai passé un très beau  dimanche. Accueille toujours aussi savoureux de ma frangine qui 'a régalé avec ses frites-moules. Comme chaque année je lui fait cadeau d'une partie de ma récolte gratuite de noix et de châtaignes. Il faisait un magnifique Soleil. Hier, 18 ° et aujourd'hui à peine 5 ! 

    Je te fais de grosses tendres et affectueuses bises.

    Asta la proxima... J'écris comme ça ce prononce, quérida mujer.. Hugues

      • Lundi 26 Octobre 2020 à 21:43

        Olé de hombre !!!

        0:-))

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