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Claire Oppert, violoncelliste, au chevet des malades en soins palliatifs
Chers Amis, je vous poste un article " Belle histoire de nos jours"
Elle a choisi l'intimité des chambres d'hôpitaux que les salles de concert.
Claire Oppert
23/02/22
Si on connaît les vertus apaisantes de la musique, on n’en mesure sans doute pas toujours l’étendue. En jouant du Schubert dans une chambre d’hôpital, Claire Oppert soulage la douleur et apaise l’anxiété des patients en fin de vie, comme chez les enfants autistes. Rencontre avec une violoncelliste et art- thérapeute, une musicienne soignante.
La scène se passe dans un Ehpad à Paris, à l’étage des « résidents déments ». Une femme hurle et se débat. Impossible pour les infirmières de soigner sa blessure a au bras. Ce jour-là, Claire Oppert est présente dans sa chambre. Elle décide de lui jouer l’andante du trio opus 100 de Schubert. Au bout de quelques secondes, le bras de la patiente se détend, son visage s’apaise, les cris cessent. Le soin peut être enfin apporté. À la fin de celui-ci, soulagée, l’une des infirmières se tourne vers la musicienne : « Il faudra absolument revenir pour le pansement Schubert ! »
C’est par cette scène que commence le livre de Claire Oppert Le pansement Schubert. Cette violoncelliste, formée notamment au prestigieux Conservatoire de Tchaïkovski à Moscou, est également devenue art-thérapeute, après avoir suivi une formation ponctuée d’un diplôme de la faculté de médecine de Tours. Depuis plus de dix ans, elle joue pour des personnes atteintes de troubles physiques et psychiques, ainsi que pour des patients en fin de vie. Une pratique qui diminue la souffrance au moment des soins, apaise et apporte de la joie profonde, comme l’a démontré une étude clinique reconnue dans le monde entier. Rencontre.
Aleteia : Vous êtes la fille d’un médecin et d’une danseuse. Comment l’envie de jouer du violoncelle est arrivée chez vous ?
Claire Oppert : La musique et l’art étaient toujours présents à la maison, intégrés complètement dans notre quotidien. Grâce à mon père, un médecin très original qui jouait du Chopin pour soulager ses patients, et grâce à ma mère qui était une artiste. Un jour, j’avais 8 ans, ils m’ont amenée à un concert où jouait une jeune violoncelliste. Ça a été une évidence immédiate : le violoncelle était mon instrument, la voix que je voulais faire mienne.À l’âge de 14 ans, vous jouez pour la première fois en public, à Saint-Germain-en-Laye. Et ce jour-là, vous faites l’expérience de ce qui va être « l’intuition fondatrice » pour toute votre vie. Que s’est-il passé ?
Parmi les personnes présentes à ce concert, il y avait une dame qui s’était installée tout près de moi. Elle était très pâle, avec un turban sur la tête. À la fin, elle est venue me voir en me disant « Si vous aviez été médecin, vous m’auriez guérie. » Intuitivement, j’ai tout de suite senti que ma vie allait être à la fois celle d’une concertiste et celle d’une soignante.Claire Oppert joue de la musique pour un patient à l’hôpital Sainte Perine, le 11 juillet 2016, à Paris.Vous dites que vous ne prétendez pas guérir quelqu’un, mais en prendre soin par la musique…
La musique ne guérit pas. Ni les cancers, ni l’autisme ni les autres maladies graves. Mais elle donne envie d’aller mieux, elle soulage, elle allège. Et surtout, de façon tout à fait objective comme le montre l’étude clinique « Pansement Schubert », née de cette expérience spontanée, elle peut diminuer les anxiétés et les douleurs de façon massive. Mais évidemment, Schubert ne remplace pas la morphine dans les douleurs rebelles et profondes.Dans votre livre, vous décrivez des scènes bouleversantes avec des personnes qui, après vous avoir écouté, vous disent : « On se sent importants maintenant. On est bien. On se sent chez soi », vous dit une malade. Une autre dame, victime d’Alzheimer, vous confie « Vous m’emmenez au-dessus de la mer, au fond du sable. Vous raclez avec moi les trésors oubliés… » Il y a encore ce Monsieur Koumba : « C’est une expérience d’éternité… »
Il y a aussi ceux qui ne parlent pas, mais qui manifestent autrement ce qu’ils vivent. Un jour, avec son index, un patient paralysé par la maladie de Charcot m’a montré le chemin qu’a pris le son du violoncelle dans son corps. J’ai vu ainsi que la vibration bienfaisante était entrée par les pieds pour remonter jusqu’au cœur. Il y a, en effet, des moments de grâce, de joie, de gaité parfois.Le mot « joie » revient souvent dans les témoignages de vos patients…
C’est paradoxal, pourtant, c'est mon expérience quotidienne : dans les services de soins palliatifs qui sont considérés comme des lieux de mort, il y a toujours de la vie et beaucoup de joie qui circule. Peut-être parce qu’on se rend compte que l’instant est unique, on comprend que la vie est précieuse et qu’il est temps de se tourner vers l’essentiel. Cette joie qui surgit est comme une note qui revient tout le temps. La musique a cette capacité extraordinaire d’aller là où on ne peut pas aller autrement. Elle va chercher à l’intérieur de chacun ce qui est encore intact et qui est source de joie.Tout a commencé en 1996. Vous rentrez de Moscou, vous donnez des concerts avec Roustem Saïtkoulov, pianiste franco-russe qui deviendra votre mari. Et un jour vous assistez par hasard à un congrès « Art et médecine » au Louvre : Howard Buten, psychologue clinicien spécialiste de l’autisme y donne une conférence…
La rencontre avec Howard Buten a été déterminante. À la fin, je suis venue le voir spontanément en lui disant que j’étais violoncelliste et en lui demandant si on pourrait travailler ensemble. Il m’a fait confiance et il m’a invité dans l’unité pour jeunes autistes qu’il venait de créer en Seine-Saint-Denis. Je suis restée six ans auprès de lui, au cours desquels j’ai joué pour les enfants souffrant d’autisme lourd. C’était étonnant : quand je jouais, je devinais intuitivement quel morceau choisir et comment le jouer pour chaque enfant en particulier. Mais c’est grâce à Howard que cette intuition s’est confirmée définitivement. Il m’a inspiré. Il m’a surtout appris beaucoup sur les souffrances des autistes. Il disait « Puisque personne ne sait s’y prendre, nous n’avons le choix que d’un respect sans condition. » Pour lui, la question était de savoir changer son regard sur le monde de l’autisme, d’ouvrir les yeux et de « peindre avec ses yeux une maison pour eux ». C’est ce qu’il disait, en précisant que ces malades ont forcément « plein de choses à nous apprendre, même lorsque ce qu’ils font nous effare ».Chez une personne malade, la musique rejoint une partie qui n’est pas malade. Elle touche son noyau profond et fait surgir un élan de joie.
Le fait d’écouter de la musique a redonné aux patients l’estime de soi et de l’autre. Même chez ceux qui ne pouvaient pas parler. Cela se voyait dans le changement de leurs regards.Parfois, en m’écoutant jouer, certains patients gravement malades qui ne peuvent plus parler me montrent leur cœur du doigt. C’est parce que la musique parle directement au cœur. La maladie grave est une expérience de dépossession de soi. Elle conteste à la personne le pouvoir d’agir sur elle-même. Elle la laisse étrangère à elle-même. Et c’est la musique qui a ce pouvoir extraordinaire d’arracher alors le cœur du malade et de faire surgir un élan de joie profonde.« En fin ! Les évêques espagnols Relancent une enquête sur les abus PRIONS POUR L'UKRAINE !. La paix de la terre malade à mourir. »
Tags : musique, violoncelle, claire, malade, oppert
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Commentaires
J'ai même lu récemment que des gens atteints de la maladie de Parkinson, étaient capables de danser le tango !
La musique est un monde en soi, et d' écouter fait oublier la réalité.
Cette violoncelliste a trouvé sa voie, j' imagine son bonheur quand elle constate qu'elle a quelque peu soulagé la souffrance !
à contrario, dans les rave-parties, on constate que la musique peut rendre fou !
Passe une bonne journée
Bisous
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Bonjour Ana,
merci pour cette belle histoire de cette femme
qui joue du violoncelle dans les chambres des malades
afin d'apaiser leurs souffrances.. Quel beau geste.
Bons baisers