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Nos responsabilités pastorales, que l’on soit évêque, prêtre ou responsable laïc.
J'ai beaucoup hésité à mêtre sur le blog cette tribune que le Père François de Foucauld avait écrite et qu'avait été publiée par le journal La Croix le 02/12/2021.
Je suis comme beaucoups très triste. Atterrée. Car après avoir écrit cela il fait quelques mois, le dialogue n'a pas porté de fruit. Je n'en sais rien. Juste je la dépose en espérant, qu'un jour, on saura plus. MAIS,malgré les dysfonctionnements de l'eglise. Je resterai toujours dans cette eglise, car elle n'a pas été fondé sur n'importe qui, mais par le Christ donnant la primauté à Pierre comme vicaire. Pour le reste, je fais confiance. Car rien ne pourra rester caché et l'on voit les conséquences.
Le père François de Foucauld, prêtre au diocèse de Versailles (Yvelines), s'est suicidé dans la nuit de jeudi à vendredi, a annoncé Luc Crepy, évêque de Versailles
Reposez en paix. Merci de nous partager votre cri de détresse.
- François De Foucauld prêtre du Diocèse de Versailles
TRIBUNE. François de Foucauld, un prêtre du diocèse de Versailles qui estime avoir été victime d’abus de pouvoir, montre dans cette tribune les mécanismes à l’œuvre dans l’institution quand des victimes témoignent. Essentielle, la libération de la parole permettra d’édicter des « règles objectives de gouvernance », espère-t-il.
Je suis prêtre depuis 17 ans dans le diocèse de Versailles. Depuis le séminaire, j’entends parler d’abus. Pédophilie, abus de pouvoir, gouvernances troubles… Ces sujets ne sont pas niés explicitement, mais la parole est enfermée. C’est trop souvent un petit cercle de clercs et laïcs autour de l’évêque qui s’arroge le dernier mot.
Cette contrainte au silence imposée par quelques-uns ne passe plus ; et ainsi ne peut plus être consentie. Nous ne sommes qu’à l’aube d’un nouveau débat sur les abus de pouvoir dans l’Église et les questions qu’il soulève. À la suite des premiers témoins qui ont osé courageusement prendre la parole et que je salue ; des hommes et des femmes, prêtres et fidèles, se sont mis alors à échanger, questionner, formuler une parole plus libre.
Une même mécanique abusive se répète
La première étape de l’abus de pouvoir dans l’Église consiste à faire peur. On fait passer la victime pour une personne fragile, on l’accuse de troubles psychiques. Ces accusations, par l’émoi qu’elles suscitent, dispensent la hiérarchie de l'Église, comme les proches des victimes, de toute évaluation objective de ces fameux troubles. La seconde étape est alors facile : la victime étant sortie hors du cercle de la raison, et son entourage anesthésié ; l’évêque et son conseil peuvent alors procéder sans contrôles à toutes décisions à son sujet. Elle n’est plus une personne aimable ou de droit. Elle devient juste une chose, un dossier à régler.
Je me rappellerai toujours ces propos de Mgr Boyer, ancien président du tribunal ecclésiastique de Versailles et canoniste réputé, évoquant, au sujet des abus de pouvoir dans les diocèses, des pratiques rappelant les « lettres de cachet ». Je comprendrai par la suite cette image qu’il avait choisie : la lettre de cachet retirait également à la victime tout droit à se défendre devant une cour de justice. Il devenait ainsi soumis au bon vouloir d’une seule personne.
Qui fait l’ange fait la bête
Si l’Église demande une obéissance dans l’exercice d’un ministère, elle doit laisser en contrepartie aux clercs et aux laïcs une part d’initiative dans l’exercice de cette obéissance. À commencer par le respect de sa conscience, le souci du débat contradictoire et les droits élémentaires de la défense dans le cadre d’un conflit. À défaut, ce service vécu strictement dans l’obéissance risque de nier les abus potentiels de pouvoir. Qui fait l’ange fait la bête, dit le proverbe.
→ TRIBUNE. Rapport Sauvé : « Nous devons nous inspirer de la tradition juive du débat »
Aussi, on ne peut pas spiritualiser à l’infini le pouvoir afin de l’apprivoiser. Est-il juste, par exemple, de demander d’entrer dans un chemin de pardon alors que les abus de pouvoir sont encore niés dans une affaire ? À ce jeu-là, on risque d’entraîner des hommes et des femmes dans la violence ou un repli amer et résolu.
Le modèle des études de pénibilité
Quel est ce chantier qui s’ouvre à nous ? Il s’agit de clarifier et baliser dans l’Église les étapes de l’exercice du pouvoir, comme on peut diagnostiquer dans un lieu professionnel les gestes entraînant des douleurs au travail. Ainsi, dans ces études de pénibilité, on écoute d’abord les personnes qui subissent ces douleurs. Alors on expertise et on apporte les premières réponses en kinésiologie, afin de compenser telle pénibilité.
→ ENTRETIEN. Rapport Sauvé : « Une reconnaissance du statut de victime, pour donner du sens à la réparation »
Il nous faut faire de même en écoutant d’abord le témoignage des victimes d’abus de pouvoir dans l’Église. Alors nous pourrons apporter les règles de gouvernance adéquates afin de compenser tout abus. C’est un hôpital de campagne, nous dirait le pape François, qu’il faut ouvrir dans chaque diocèse pour nous mettre à l’écoute des personnes ayant subi ces abus.
Laurence Devillairs, doyenne de la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris, le signalait à juste titre dans une récente tribune : « La participation de laïcs ou de femmes, parce qu’ils auraient telles qualités, ne modifieraient en rien une institution qui n’aurait pas d’abord modifié son mode de gouvernement. S’il y a abus sexuels, c’est parce qu’il y a aussi, et peut-être d’abord, abus de pouvoir, parce qu’il y a une institution qui l’autorise, le légitime et le “blanchit” ».
Préférer la confiance à la réputation
Il est donc pressant de libérer la parole. Beaucoup de victimes ont encore peur de témoigner des abus vécus, craignant à la fois d’attaquer l’Église et de ne pas être cru, ni même écouté. Comment se fait-il que l’Église oblige ces témoins à un tel parcours du combattant pour exprimer librement ce qu’ils ont vécu en son sein ?
Il y a aussi parmi nous les clercs, une peur du repentir, afin de sauver notre réputation ou celle de l’Église. On remarque pourtant le respect naturel qu’insuffle une personne capable de reconnaître simplement ses fautes. On voit alors s’installer un malaise dans l’Église, où une hiérarchie n’ose pas reconnaître ses abus, sinon quand elle est mise au pied du mur. C’est pourtant un repentir sincère qui fera regagner la confiance.
→ RELIRE. À Limoges, crispation autour du témoignage d’une victime d’abus sexuels
C’est après avoir médité les abus et dérives racontés par les moines des premiers siècles que « le patriarche des moines » a écrit la fameuse Règle de saint Benoit. Il a alors fixé des règles objectives de gouvernance pour le père abbé et son conseil, sans que son autorité en soit affaiblie.
Ainsi, il est urgent, à notre tour, que les pasteurs et les fidèles entrent dans une véritable considération des témoins des abus de pouvoir aujourd’hui dans l’Église. Alors, nous pourrons discerner progressivement, ensemble, les règles claires et paisibles de gouvernance au sein de l’Église.
C’est bien le débat contradictoire que l’on doit inscrire dans le marbre de nos responsabilités pastorales, que l’on soit évêque, prêtre ou responsable laïc.
« Vu le nombre 0 des passages commentaires. Blog en pause pour le WeekendIL les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité »
Tags : abus, pouvoir, l’eglise, victime, qu’il
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Commentaires
COUCOU ME REVOILOU
MERCI pour tes gentils coms
toujours un peu fatiguée et de plus
je viens de me tester (covid +)
bonne semaine à venir
repos pour moi ++++
a bientot bisous
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Comme tu le sais, je pense que notre église ne représente pas le Christ qui disait heureux les pauvres et les simples d' esprit !
D'un côté je comprends qu'il faille une organisation, mais d'un autre cette hiérarchie est aberrante, c' est comme l' armée !
Le bon côté c' est qu'il semble qu' aujourd'hui, on dénonce de plus en plus tôt